Jean Ruel

JEAN ET HONORÉ RUEL

 

Artistes photographes, St-Lazare, 19^e siècle

 

 

 

Le 22 avril 1883, soit le deuxième dimanche après Pâques, Janvier Jacques Napoléon Gauthier, prêtre, curé de la paroisse de Saint-Lazare déclarait durant son prône :  «Il n’est pas permis d’aller faire prendre sa photographie durant les Vêpres».  Il y avait donc un studio de photographie à Saint-Lazare à cette date. En fait, ledit studio ne se trouvait qu’à environ 300 mètres de l’Église paroissiale. Ce curé Gauthier a succédé à son frère Louis Onézime (dont nous possédons une photo attribuée à Jean Ruel) décédé en 1880 à l’âge de quarante ans. La photo ci-contre est celle de J.J.N. Gauthier qui a prononcé l’interdiction ci haut.  Elle fut prise à Jérusalem, Palestine, au studio A. Gherardi.

 

Je n’ai pas encore terminé la recherche pour établir la succession des occupants du lot sur lequel la maison est construite, mais il semble que Jean Ruel ait fait transformer une maison plus ancienne et beaucoup plus petite, y ajoutant un deuxième étage à toit mansardé et lucarnes ainsi qu’une annexe du côté ouest de la «nouvelle» maison dont une partie du second étage est construit en porte-à-faux.  Là se trouvait le PREMIER studio de photographie, bordé de vastes fenêtres sur trois côtés (sud, ouest et nord) et percé d’un puits de lumière, de façon à y faire entrer un maximum de lumière solaire.

 

Sur la photo à gauche, on aperçoit les membres de la famille Ruel à l’époque.  J’ai tenté de les identifier grâce aux recensements canadiens de 1881, mais la tâche s’avère impossible, pour le moment.  D’autant plus que les directives du Diocèse de Québec interdisent de faire des photocopies des registres et surtout, édictent que «aucune recherche ne sera permise, que ce soit pour des fins historiques ou généalogiques à moins d'une autorisation expresse de la Chancellerie».  Je poursuis cependant mes recherches pour pouvoir les nommer.

Figure 1 Premier studio de photographie de Jean Ruel, installé du côté ouest de la maison. La maison actuelle est identique, à l’exception des fenêtres et du puits de lumière qui ont été murés. L’inscription «studio» sur la photo est l’œuvre d’un auteur inconnu, mais de toute évidence intempestif.

 

Qui est ce Jean Ruel?  Il est né à Saint-Lazare, le 21 novembre 1850, fils légitime de Joseph Ruel, cultivateur, et de Catherine (Laisné ou Laliberté).  Son parrain a été Jean Laisné (ou Laliberté) probablement le frère de sa mère.  Selon la coutume, Angélique Dubé, épouse de Jean Laisné, fut sa marraine. Selon le recensement canadien de 1852, Jean (2 ans) habite à Saint-Lazare avec son père, sa mère, son frère Joseph (11 ans), sa sœur Marie (8 ans) et son frère David (1 an). L’artiste photographe est décédé le 12 juillet 1906 et a été inhumé dans le cimetière de Saint-Lazare le 14 juillet.  Il était âgé de 55 ans, 7 mois et 21 jours.  Il n’a jamais été marié.

 

Pour mieux situer sa vie familiale et son enfance, il faut savoir que son père Joseph a été marié à trois reprises et que Jean est le fils du second lit de Joseph Ruel. À sa naissance, Jean a un demi-frère Joseph (Joseph-Édouard), neuf ans, et une demi-sœur, Marie (quatre ans) issus du mariage de Joseph père avec Madeleine Baquet (Lamontagne) en 1841, année de la naissance de leur premier fils Joseph.

 

Ce dernier habitera à Saint-Malachie après son mariage (1-12-1864) à Josephte Labrecque, veuve de Charles Bilodeau, tandis que Marie épousera Jean Laverdière à Saint-Lazare le 17 juillet 1865.

 

Jean avait aussi un frère en propre, du nom de Lazare, fils de Joseph et de Catherine Laliberté. Jusqu’à maintenant, je n’ai pas retrouvé sa date de naissance, entre autres parce que la paroisse de Saint-Lazare garde secret son registre des naissances. On sait cependant que Lazare épousa Philomène Allaire le 15-2-1876.

 

Joseph et Catherine eurent un autre fils en 1851, qui fut baptisé David : (recensement de 1852).  Cependant, étant donné les critères de sélection de Napoléon Goulet (18 ans et plus), on ne peut savoir encore s’il est décédé avant d’avoir atteint ses 18 ans ou s’il a émigré aux États-Unis ou ailleurs au Québec.

 

Honoré Ruel, frère de Jean, qui deviendra aussi photographe, naît en 1863.  Sa sœur Célina (1860) avait déjà trois ans.  Il eut une autre sœur, Joséphine née en 1868 (recensement de 1881).  Quant à son frère Cyrille, on ne connaît pas sa date de naissance, et on ne sait pas qui de Catherine Laliberté ou de Marie Fournier a été sa mère.

 

Catherine Laliberté, mère de Jean et Honoré, est décédée le 3 avril 1872 et Joseph Ruel a épousé Marie Fournier, veuve de Laurent Roy, le 29 septembre 1874.  Nous n’avons aucune date de décès pour eux.

 

La photo ci-contre illustre le deuxième «studio» de photo, dans ce cas-ci un ensemble de deux studios reliés entre eux.  Le premier est toujours visible, à même la maison, mais la taille de la fenêtre avant a été réduite et celle du côté ouest est murée. Le «grand» studio (la maisonnette) aurait été ajouté lorsque Honoré s’est joint à son frère Jean.

 

 

Le premier studio de photographie recevait des clients au printemps de 1883.  Jean avait alors 33 ans et Honoré 20 ans.  Les deux frères ne semblent pas avoir étendu leur cohabitation personnelle durant de nombreuses années, puisque le recensement canadien de 1901 indique que Jean habite seul, à Saint-Lazare, dans le 5e rang Ouest.

 

Jean est décédé le 12 juillet 1906.  Un an plus tard, son frère Honoré, se mariait à Saint-Lazare (15 juillet) avec Léa Lemieux, fille de François-Xavier Lemieux et de Euphémie Roy.  Ni Honoré, ni Jean n’ont eu de progéniture.  Peut-on croire que les vapeurs de mercure utilisées pour développer les images des ferrotypes ont provoqué leur stérilité? Auraient-elles provoqué la mort prématurée de Jean qui est responsable de plus de 85 % de la production photographique connue?

 

Jean Ruel	Honoré Ruel

 

Figure 2     Troisième studio, après la division de la maison en deux bâtiments distincts.  L’ancien studio est devenu magasin général, puis bureau de poste et enfin cordonnerie.

 

 

Honoré Ruel a, semble-t-il, continué à faire de la photographie de studio, puisqu’on retrouve une photographie identifiée à son nom et datée de 1907. Une autre daterait de 1912. Peut-être continua-t-il à exercer dans le «studio» détaché de la maison?